Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIVRE VII


I

Qu’est-ce que le vice ? C’est ce que tu as vu cent fois dans ta vie. Mais ce n’est pas seulement pour le mal, c’est aussi pour tout ce qui t’arrive, que tu peux te dire que ce sont là des choses que tu as déjà vues mille fois. De tous côtés, en haut, en bas, il n’y a que répétition de choses semblables, remplissant les histoires des âges reculés, les histoires des temps plus récents, les histoires contemporaines, et remplissant, même à l’heure ou nous parlons, nos cités et nos familles. C’est qu’il n’y a rien de nouveau dans le monde[1], et toutes les choses sont tout ensemble habituelles et passagères[2].

  1. Il n’y a rien de nouveau dans le monde. C’est là ce que dit aussi l’Ecclésiaste, ch. I, § 10, et ch. III, § 15. Il y a du vrai dans cette réflexion ; mais il ne faut pas l’accepter d’une manière absolue, ainsi que je l’ai déjà fait remarquer, plus haut, liv. VI, § 37.
  2. Les choses sont tout ensemble habituelles et passagères. C’est exact dans une certaine mesure ; mais il n’est pas un de nous qui n’ait vu beaucoup de nouveau durant son existence, et qui ne puisse conclure que les générations antérieures ont dû en voir tout autant que la sienne.