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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

point mon âme ; car les choses ne sont pas par elles-mêmes de nature à pouvoir former nos jugements.

LIII

Accoutume-toi à écouter sans distraction[1] intérieure ce qu’un autre te dit ; et, autant qu’il est possible, entre dans la pensée[2] de la personne qui te parle.

LIV

Ce qui n’est pas utile à l’essaim[3] ne peut pas non plus être utile à l’abeille.

    jugement, et il faut beaucoup d’habitude et de domination de soi pour ne pas se laisser aller instinctivement à ce penchant presque irrésistible de notre nature.

  1. Écouter sans distraction. Les hommes d’État ont plus de peine que d’autres, mais aussi plus d’avantage, à prêter une attention complète à ce qu’on leur dit. La multiplicité des affaires est une cause de distraction à peu près inévitable ; et quand on a trop de choses à écouter, on les écoute assez mal.
  2. Dans la pensée. Le texte dit positivement : « Sois dans l’âme de celui qui te parle. »
  3. Ce qui n’est pas utile à l’essaim. Comparaison délicate du genre de celles que l’on a déjà vues plus haut, liv. III, §§ 4 et 13; liv. IV, §§ 15, 44 et 48, et liv. V, § 8.