Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xj
AVANT-PROPOS.

contre les séductions de la toute-puissance et contre celles de la misère.

Sans doute, il est parmi nous, ainsi que dans tous les temps, bien peu de cœurs dociles à cet enseignement, aussi viril que vrai, aussi pratique qu’aimable pour qui sait le comprendre. Mais si tous ne peuvent pas le suivre, tous au moins doivent l’écouter ; et nul n’a le droit de se croire, ni assez éclairé, ni assez fort, pour le négliger, quelle que soit d’ailleurs la lumière qui le guide et le fondement sur lequel il appuie sa faiblesse. Mais Épictète et Marc-Aurèle étaient des païens ! Certainement. Et qu’importe ? Les repousser à ce titre serait aussi tolérant et aussi sage que de repousser les docteurs chrétiens, au nom de la philosophie et du libre examen. Paganisme, Christianisme, ces distinctions, qui peuvent avoir leur place ailleurs, s’évanouissent devant l’intérêt suprême de la vérité ; la raison recon-