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LIVRE VI, § XXIII.

en persévérant dans son erreur et dans son ignorance.

XXII

En ce qui me concerne, j’accomplis le devoir qui m’est imposé ; et quant au reste des êtres, ils ne me préoccupent point[1] ; car, ou bien ce sont des choses sans vie et des êtres qui ne sont pas doués de raison ; ou bien, ce sont des hommes qui s’égarent et méconnaissent la voie qu’il faut suivre.

XXIII

À l’égard des êtres qui n’ont pas la raison en partage, et d’une manière générale à l’égard des choses et des simples objets, sache en user comme un être doué de raison doit le faire à l’égard des êtres qui n’ont pas de raison, c’est-à-dire, avec une certaine hauteur d’âme et avec liberté. Dans tes rapports avec les hommes que la raison éclaire, conduis-toi comme faisant partie avec eux d’une

  1. Ils ne me préoccupent point. Voir plus haut, liv. IV, § 18, la réflexion sur le temps considérable qu’on gagne en ne se préoccupant point de ce que fait autrui, et en s’appliquant exclusivement à ce qu’on fait soi-même.