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LIVRE VI, § X.

le mouvement[1], qui se fait lui-même ce qu’il est et ce qu’il veut être, et qui fait aussi que tous les événements de la vie lui apparaissent sous les couleurs qu’il veut leur donner[2].

IX

Tout s’accomplit conformément aux lois de la nature universelle, et non pas suivant une autre nature[3] qui envelopperait celle-là extérieurement, ou qui serait renfermée au dedans d’elle, ou qui serait suspendue en dehors d’elle.

X

Ou le monde est un chaos, un pêle-mêle, une infinie dispersion ; ou il y a en lui, unité, ordre,

  1. Qui se donne comme il veut l’éveil et le mouvement. C’est le libre arbitre de l’homme ; le stoïcisme y a cru avec une énergie qui a fait sa principale grandeur, et qu’aucune autre doctrine n’a surpassée. Il est impossible d’être, sous ce rapport, plus spiritualiste qu’il ne l’a été.
  2. Sous les couleurs qu’il veut leur donner. Non pas de manière à changer les choses elles-mêmes, mais à régler, avec pleine indépendance, les impressions qu’elles nous donnent.
  3. Et non pas suivant une autre nature. La pensée n’est pas très-nettement exprimée ; et l’on peut y voir tout à la fois l’affirmation de l’unité de Dieu, et aussi une sorte de panthéisme qui l’identifierait avec le monde.