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LIVRE V, § XXXVI.

XXXV

Quand une chose n’est pas le fait de ma méchanceté actuelle[1] ou la conséquence de ma méchanceté antérieure, et qu’elle ne peut pas être nuisible à la communauté[2], pourquoi aurais-je à m’en préoccuper ? Quel tort peut-elle faire à l’ordre commun de l’univers ?

XXXVI

Ne pas se laisser emporter aveuglément à son imagination[3], mais se défendre contre elle du mieux possible et selon les occurrences. Que si, dans les occasions indifférentes, on est vaincu, ne pas s’imaginer qu’en cela même on ait subi un tort irréparable. C’est l’habitude qui est mau-

  1. Le fait de ma méchanceté actuelle. Le texte n’est pas aussi précis ; et j’ai dû le paraphraser pour le rendre plus clair.
  2. À la communauté. Il faut entendre ceci dans le sens le plus large. Il ne s’agit pas seulement de la communauté civile et politique ; mais il s’agit de la société universelle de l’homme avec ses semblables, avec les choses et avec Dieu.
  3. À son imagination. On pourrait traduire aussi : « Ne pas se laisser emporter aveuglément à l’apparence. » Mais j’ai préféré la première traduction à cause de ce qui suit : Ne pas s’imaginer, etc., passage où il n’y a pas à se méprendre.