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AVANT-PROPOS.

impuissance. » Il est possible que la critique soit fondée pour des stoïciens secondaires ; mais elle ne l’est pas pour Épictète, ni surtout pour Marc-Aurèle. Où sont donc les âmes plus sincèrement humbles que celle du serviteur d’Épaphrodite, ou celle de l’Empereur romain ? Marc-Aurèle pousse la modestie si loin qu’il en devient inique envers lui-même ; il fait la part de ses parents, de ses maîtres, de tout le monde ; mais il oublie de faire la sienne. Épictète, sans y apporter autant d’insistance, cite sans cesse ses devanciers ; il ne prétend qu’à reproduire leurs doctrines, sans jamais se flatter d’aller au-delà et d’y ajouter quelque chose. Est-il un cœur plus tendre que celui qui a aimé Fronton, et qui s’est épanché dans des lettres si touchantes ? La prétendue insensibilité du Stoïcisme n’est absolument que la résignation sous la main de Dieu, et l’obéissance sans bornes à ses lois, à l’ordre universel, le dédain