Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

toujours prêts à se justifier par ce motif assez futile : « Voilà la leçon que nous avons reçue. »

XLVII

Si quelque Dieu te disait que tu mourras demain, ou si ce n’était demain, au plus tard après-demain, tu ne ferais pas grande différence de mourir le troisième jour au lieu de mourir le second, à moins que tu ne fusses de la plus insigne lâcheté. En effet, que serait un tel sursis ? Eh bien ! pense absolument de même que ce n’est pas grand état[1] de mourir après de longues années, plutôt que demain.

XLVIII

Penser sans cesse à la mort de tant de médecins qui avaient eux-mêmes si souvent froncé le sourcil au lit des malades[2], de tant d’astrologues

  1. Ce n’est pas grand état. La pensée est juste si on la considère relativement à l’éternité ; elle ne l’est plus autant si l’on regarde à l’homme lui-même. Une assez longue existence lui permet de faire d’autant plus de bien pendant son passage sur la terre, et d’en apprendre un peu davantage sur lui-même et sur la nature dans laquelle il a été placé.
  2. Froncé le sourcil au lit des malades. Expression pittoresque, et qui fait parfaitement image, toute simple qu’elle est.