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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XLI

Tu n’es qu’une âme débile qui traîne un cadavre, ainsi que le disait Épictète[1].

XLII

Il n’y a pas pour les êtres le moindre mal à être absorbés dans un changement[2], pas plus que ce n’est un bien pour eux de devoir à un changement quelconque leur constitution et leur existence.

  1. Épictète. Ni dans le Manuel, ni dans les Dissertations recueillies par Arrien, on ne trouve cette pensée. Plus haut, liv. I, § 7, Marc-Aurèle remercie un de ses maîtres de lui avoir fait connaître les Commentaires d’Épictète. Il en reparle encore plus bas, liv. VII, § 19, et liv. XI, §§ 34 et 36. Il est probable que ce que Marc-Aurèle appelle Commentaires est précisément le recueil d’Arrien, intitulé Dissertations. La pensée a peut-être quelque exagération. Notre corps n’est pas, à vrai dire, un cadavre ; mais souvent il est un obstacle pour l’âme, qui n’a pas su le régler assez bien, ni s’en rendre maîtresse. La plupart des hommes sont esclaves de leur corps, loin de savoir s’en servir comme d’un instrument. — « Ce corps de mort », a dit Bossuet, Préambule sur les états d’oraison, d’après saint Paul, Épître aux Romains, ch. VII, § 24.
  2. À être absorbés dans un changement. Le texte n’est pas aussi précis ; mais j’ai dû donner à la pensée une forme un peu plus arrêtée, afin que l’opposition fût plus claire et plus frappante. La mort n’est pas plus un mal pour les êtres que leur naissance n’est un bien pour eux.