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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

tériels. Surtout rappelle-toi ceux que tu as vus toi-même s’épuiser en vains projets, négligeant d’accomplir ce qu’exigeait leur condition particulière, oubliant de s’y tenir opiniâtrement et de s’en contenter. Une autre chose non moins nécessaire, c’est de te souvenir que chacun des actes auxquels on se livre a son mérite propre et son harmonie avec le tout. En prenant ainsi les choses, tu n’auras jamais de mécomptes, puisque tu n’auras pas donné à des choses inférieures[1] plus de prix qu’elles n’en ont réellement.

XXXIII

Les mots qui naguère étaient compris de tout le monde ont aujourd’hui besoin d’explications. Il en est de même des noms qui jadis étaient les plus illustres, et qui à cette heure ont aussi besoin en quelque sorte qu’on les explique. Camille, Céson, Volésus[2], Léonnatus[3], et, peu de

    a encore plus d’un demi-siècle.

  1. À des choses inférieures. La première distinction à faire et la plus difficile, c’est précisément celle des vrais et des faux biens, recommandée par le platonisme, et que le stoïcisme a poussée plus loin qu’aucune autre école de philosophie.
  2. Céson, Volesus. Pour nous, ce sont des personnages à peu près inconnus ; pour Marc-Aurèle, il semble qu’au contraire ils sont encore illustres.
  3. Léonnatus. Ce personnage est peut-