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M. PASCAL.

toûjours eſté adoré à ſubſiſté ſans interruption. Et ce qui eſt admirable, incomparable, & tout à fait divin, c’eſt que cette Religion qui a toûjours duré a toûjours eſté combattüe. Mille fois elle a eſté à la veille d’une deſtruction univerſelle ; & toutes les fois qu’elle a eſté en ce eſtat Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de ſa puiſſance. C’eſt ce qui eſt eſtonnant, & qu’elle s’eſt maintenuë ſans flechir & plier ſous la volonté des tyrans.

§ Les Eſtats periroient ſi on ne faiſoit plier ſouvent les loix à la neceſſité. Mais jamais la Religion n’a ſouffert cela, & n’en a uſé. Auſſi il faut ces accomodemens, ou des miracles. Il n’eſt pas eſtrange qu’on ſe conſerve en pliant, & ce n’eſt pas proprement ſe maintenir ; & encore periſſent-ils enfin entierement ; il n’y en a point qui ait duré quinze cens ans. Mais que cette Religion ſe ſoit toûjours maintenüe, & inflexible ; cela eſt divin.

§ Ainſi le Meſſie a toûjours eſté crû. La tradition d’Adam eſtoit en-