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PENSÉES DE

luy fait interrompre ſon diſcours : J’attens, ô mon Dieu, le Sauveur que vous avez promisGenez. 49. 18, ſalutare tuum expectabo Domine.

Les Egyptiens eſtoient infectez & d’idolatrie & de magie ; le peuple de Dieu meſme eſtoit entraiſné par leurs exemples. Mais cependant Moyſe & d’autres voyoient celuy qu’ils ne voyoient pas, & l’adoroient en regardant les biens eternels qu’il leur preparoit.

Les Grecs et les Latins enſuitte ont fait regner les fauſſes divinitez ; les Poëtes ont fait diverſes theologies ; les Philoſophes ſe ſont ſeparez en mille ſectes differentes : & cependant il y avoit toûjours au cœur de la Judée des hommes choiſis qui prédiſoient la venuë de ce Meſſie qui n’eſtoit connu que d’eux.

Il est venu enfin en la conſommation des temps : & depuis, quoy qu’on ait veu naiſtre tant de ſchiſmes & d’hereſies, tant renverſer d’Eſtats, tant de changemens en toutes choſes ; cette Egliſe qui adore celuy qui a

toûjours