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M. PASCAL.

me dans ce premier âge du mond ils ſe laiſſerent emporter à toutes ſortes de deſordres, il y avoit cependant des Saints, comme Enoch, Lamech, & d’autres qui attendoient en patience le Chriſt promis dés le commencement du monde. Enſuite Dieu a envoyé Noé, qui a veu la malice des hommes au plus haut degré ; & il l’a ſauvé en noyant toute la terre par un miracle qui marquoit aſſez, & le pouvoir qu’il avoit de ſauver le monde, & la volonté qu’il avoit de le faire, & de faire naiſtre de la femme celuy qu’il avoit promis. Ce miracle ſuffiſoit pour affermir l’eſperance des hommes ; & la memoire en eſtant encore aſſez fraiche parmy eux, Dieu fit ſes promeſſes à Abraham qui eſtoit tout environné d’Idolâtres, & il luy fit connoiſtre le myſtere du Meſſie qu’il devoit envoyer. Au temps d’Iſaac & de Jacob l’abomination eſtoit reſpanduë ſur toute la terre ; mais ces Saints vivoient en la foy ; & Jacob mourant, & beniſſant ſes enfans s’eſcrie par un tranſport qui