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M. PASCAL.

ſont aſſez mal nez pour en eſtre veritablement capables : qu’ils ſoient au moins honneſtes gens, s’ils ne peuvent encore eſtre Chreſtiens : & qu’ils reconnoiſſent enfin qu’il n’y a que de ſortes de perſonnes qu’on puiſſe appeller raiſonnables ; ou ceux qui ſervent Dieu de tout leur cœur, parce qu’ils le connoiſſent ; ou ceux qui le cherchent de tout leur cœur, parce qu’ils ne le connoiſſent pas encore.

C’eſt donc pour les perſonnes qui cherchent Dieux ſincerement, & qui reconnoiſſant leur miſere deſirent veritablement d’en ſortir, qu’il eſt juſte de travailler, afin de leur ayder à trouver la lumiere qu’ils n’ont pas.

Mais pour ceux qui vivent ſans le connoiſtre, & ſans le chercher, ils ſe jugent eux meſmes ſi peu dignes de leur ſoin, qu’ils ne ſont pas dignes du ſoin des autres : & il faut avoir toute la charité de la Religion qu’ils meſpriſent pour ne les pas meſpriſer juſqu’à les abandonner dans leur folie. Mais parce que cette Religion nous