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PENSÉES DE

leur diſoit un jour fort à propos une perſonne : Si vous continuez à diſcourir de la ſorte, leur diſoit-il, en verité vous me convertirez. Et il avoit raiſon ; car qui n’auroit horreur de ſe voir dans des ſentimens où l’on a pour compagnons des perſonnes ſi meſpriſables.

Ainſi ceux qui ne font que feindre ces ſentimens ſont bien mal-heureux de contraindre leur naturel pour ſe rendre les plus impertinens des hommes. S’ils ſont faſchez dans le fond de leur cœur de n’avoir pas plus de lumiere, qu’ils ne le diſſimulent point. Cette declaration ne ſera pas honteuſe. Il n’y a de honte qu’à n’en point avoir. Rien ne deſcouvre davantage une eſtrange foibleſſe d’eſprit que de ne pas connoiſtre quel eſt le malheur d’un homme ſans Dieu. Rien ne marque davantage une extrême baſſeſſe de cœur que de ne pas ſouhaitter la verité des promeſſes eternelles. Rien n’eſt plus laſche que de faire le brave contre Dieu. Qu’ils laiſſent donc ces impietez à ceux qui