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M. PASCAL.

ſion pour ceux qui gémiſſent ſincerement dans ce doute, qui le regardent comme le dernier des malheurs, & qui n’épargnant rien pour en ſortir font de cette recherche leur principale & leur plus ſerieuſe occupation. Mais pour ceux qui paſſent leur vie ſans penſer à cette derniere fin de la vie, & qui par cette ſeule raiſon, qu’ils ne trouvent pas en eux-meſmes des lumieres qui les perſuadent, negligent d’en chercher ailleurs, & d’examiner à fond ſi cette opinion eſt de celle que le peuple reçoit par une ſimplicité credule, ou de celles qui quoy qu’obſcures d’elles-meſmes ont neanmoins un fondement tres ſolide, je les conſidere d’une maniere toute differente. Cette negligence en une affaire où il s’agit d’eux-meſmes, de leur eternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit ; elle m’étonne & m’épouvante ; c’eſt un monſtre pour moy. Je ne dis pas cecy par le zele pieux d’une devotion ſpirituelle. Je pretends au contraire que l’amour propre, que l’intereſt hu-