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M. PASCAL.

que luy, & non les creatures. Le raiſonnement des impies sur le livre de la Sageſſe n’eſt fondé que ſur ce qu’ils ſe perſuadent qu’il n’y a point de Dieu. Cela poſé, diſent-ils, joüiſſons donc des creatures. Mais s’ils euſſent ſceu qu’il y avoit un Dieu ils euſſent conclû tout le contraire. Et c’eſt la concluſion des ſages : Il y a un Dieu. Ne joüiſſons donc pas des creatures. Donc tout ce qui nous incite à nous attacher à la creature eſt mauvais ; puiſque cela nous empeſche ou de ſervir Dieu ſi nous le connoiſſons, ou de le chercher ſi nous l’ignorons. Or nous ſommes pleins de concupiſcence. Donc nous ſommes pleins de mal. Donc nous devons nous haïr nous meſmes, & tout ce qui nous attache à autre choſe qu’à Dieu ſeul.

§ Quand nous voulons penſer à Dieu, combien ſentons nous de choſes qui nous en détournent, & qui nous tentent de penſer ailleurs ? Tout cela eſt mauvais, & meſme né avec nous.

§ Il eſt faux que nous ſoyons di-