Page:Pensées de M. Pascal sur la religion, et sur quelques autres sujets, 1669.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
PENSÉES DE

d’autres perſonnes auprés de moy de ſemblable nature. Je leur demande s’ils ſont meiux inſtruits que moy, & ils me diſent que non. Et ſur cela ces miſerables égarez ayant regardé autour d’eux, & ayant vû quelques objets plaiſants s’y ſont donnez, & s’y ſont attachez. Pour moy je n’ay pû m’y arreſter, ny me repoſer dans la ſocieté de ces perſonnes ſemblables à moy, miſerables comme moy, impuiſſantes comme moy. Je vois qu’ils ne m’aideroient pas à mourir : je mourray ſeul : or ſi j’eſtois ſeul, je ne baſtirois pas des maiſons, je ne m’embarraſſerois point dans des occupations tumultuaires, je ne chercherois l’eſtime de perſonne, mais je tâcherois ſeulement à découvrir la verité.

Ainſi conſiderant combien il y a d’apparence qu’il y a autre choſe que ce que je vois, j’ay recherché ſi ce Dieu dont tout le monde parle n’auroit point laiſſé quelques marques de luy. Je regarde de toutes parts, &