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PENSÉES DE

vous hazardez, que vous connoiſtrez à la fin que vous avez parié pour une choſe certaine & infinie, & que vous n’avez rien donné pour l’obtenir.

Vous dittes que vous eſtes fait de telle ſorte que vous ne ſçauriez croire. Apprenez au moins voſtre impuiſſance à croire, puiſque la raiſon vous y porte, & que neanmoins vous ne le pouvez. Travaillez donc à vous convaincre, non pas par l’augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos paſſions. Vous voulez aller à la foy, & vous n’en ſçavez pas le chemin : vous voulez vous guerir de l’infidelité, & vous en demandez les remedes : apprenez les de ceux qui ont eſté tels que vous, & qui n’ont preſentement aucun doute. Ils ſçavent ce chemin que vous voudriez ſuivre, & ils ſont gueris d’un mal dont vous voulez guerir. Suivez la maniere par où ils ont commencé ; imitez leurs actions exterieures, ſi vous ne pouvez encore entrer dans leurs diſpoſitions interieures ; quittez ces vains amuſemens qui