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PENSÉES DE

dre. Mais l’incertitude de gagner eſt proportionnée à la certitude de ce qu’on hazarde ſelon la proportion des hazards de gain & de perte : & de là vient que s’il y a autant de hazards d’un coſté que de l’autre, le party eſt à jouer égal contre égal ; & alors la certitude de ce qu’on expoſe eſt égale à l’incertitude du gain, tant s’en faut qu’elle en ſoit infiniment diſtante. Et ainſi noſtre propoſition eſt dans une force infinie, quand il n’y a que le finy à hazarder à un jeu où il y a pareils hazards de gain que de perte, & l’infiny à gagner. Cela eſt démonſtratif, & ſi les hommes ſont capables de quelques veritez ils le doivent eſtre de celle là.

Je le confeſſe, je l’avoüe. Mais encore n’y auroit-il point de moyen de voir un peu plus clair ? Ouy, par le moyen de l’Eſcriture, & par toutes les autres preuves de la Religion qui ſont infinies.

Ceux qui eſperent leur ſalut, direz vous, ſont heureux en cela. Mais ils ont pour contrepoids la crainte de l’enfer.