Page:Pensées de M. Pascal sur la religion, et sur quelques autres sujets, 1669.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
M. PASCAL.

meſmes des caracteres ineffaçables d’excellence ? Et n’eſt-t’il pas auſſi veritable que nous éprouvons à toute heure les effets de noſtre deplorable conditions ? Que nous crie donc ce cahos & cette confuſion monſtrueuſe, ſinon la verité de ces deux eſtats, avec une voix ſi puiſſante, qu’il eſt impoſſible d’y reſiſter ?

IV.

Il n’eſt pas incroyable que Dieu s’uniſſe à nous.



Ce qui détourne les hommes de croire qu’ils ſoient capables d’étre unis à Dieu n’eſt autre choſe que la veüe de leur baſſeſſe. Mais s’ils l’ont bien ſincere, qu’ils la ſuivent auſſi loin que moy, & qu’ils reconnoiſſent que cette baſſeſſe eſt telle en effet, que nous ſommes par nous meſmes incapables de connoiſtre ſi ſa miſericorde ne peut pas nous rendre capables de luy. Car je voudrois bien ſçavoir d’où cette creature qui