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PENSÉES DE

de leur premiere nature ; & ils ſont plongez dans les miſeres de leur aveuglement & de leur concupiſcence qui eſt devenüe leur ſeconde nature.

§ De ces principes que je vous ouvre vous pouvez reconnoiſtre la cauſe de tant de contrarietez qui ont étonné tous les hommes, & qui les ont partagez.

§ Obſervez maintenant tous les mouvemens de grandeur & de gloire que ce ſentiment de tant de miſeres ne peut étoufer, & voyez s’il ne faut pas que la cauſe en ſoit une autre nature.

§ Connoiſſez donc, ſuperbe, quel paradoxe vous eſtes à vous meſme. Humiliez vous, raiſon impuiſſante ; taiſez vous, nature imbecille ; apprenez que l’homme paſſe infiniment l’homme ; & entendez de voſtre Maiſtre voſtre condition veritable que vous ignorez.

§ Car enfin ſi l’homme n’avoit jamais eſté corrompû il joüiroit de la verité & de la felicité avec aſſurance. Et ſi l’homme n’avoit jamais eſté que