Page:Pensées de M. Pascal sur la religion, et sur quelques autres sujets, 1669.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
PENSÉES DE

orgueüil. Ils vous ont fait penſer que vous luy eſtes ſemblable par voſtre nature. Et ceux qui ont vû la vanité de cette pretention vous ont jetté dans l’autre precipice en vous faiſant entendre que voſtre nature eſtoit pareille à celle des beſtes, & vous ont porté a chercher voſtre bien dans les concupiſcences qui ſont le partage des animaux. Ce n’eſt pas là le moyen de vous inſtruire de vos injuſtices. N’attendez donc ny verité ny conſolation des hommes. Je ſuis celle qui vous ay formé, & qui puis ſeule vous apprendre qui vous eſtes. Mais vous n’eſtes plus maintenant en l’eſtat où je vous ay formé. J’ay créé l’homme ſaint, innocent, parfait. Je l’ay remply de lumiere & d’intelligence. Je luy ai communiqué ma gloire & mes merveilles. L’oëil de l’homme voyoit alors la Majeſté de Dieu. Il n’eſtoit pas dans les tenebres qui l’aveuglent, ny dans la mortalité, & dans les miſeres qui l’affligent. Mais il n’a pû ſoutenir tant de gloire ſans tomber dans la preſomption. Il a