Page:Pensées de M. Pascal sur la religion, et sur quelques autres sujets, 1669.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
M. PASCAL.

bien, nos devoirs, les foibleſſes qui nous en détournent, les remedes qui les peuvent guerir, & le moyen d’obtenir ces remedes ? Voyons ce que nous dit ſur tout cela la Sageſſe de Dieu qui nous parle dans la Religion Chreſtienne.

C’eſt en vain, ô homme, que vous cherchez dans vous meſme le remede à vos miſeres. Toutes vos lumieres ne peuvent arriver qu’à connoître que ce n’eſt point en vous que vous trouverez ny la verité ny le bien. Les Philoſophes vous l’ont promis ; ils n’ont pû le faire. Ils ne ſçavent ny quel eſt voſtre veritable bien, ny quel eſt voſtre veritable eſtat. Comment auroient ils donné des remedes à vos maux, puis qu’ils ne les ont pas ſeulement connus ? Vos maladies principales ſont l’orgueüil qui vous ſouſtrait à Dieu, & la concupiſcence qui vous attache à la terre ; & ils n’ont fait autre choſe qu’entretenir au moins une de ces maladies. S’ils vous ont donné Dieu pour objet, ce n’a eſté que pour exercer voſtre