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M. PASCAL.

nous trouvons dans l’impuiſſance d’adorer ce que nous ne connoiſſons pas, & d’aymer autre choſe que nous, il faut que la Religion qui inſtruit de ces devoirs nous inſtruiſe auſſi de cette impuiſſance, & qu’elle nous en apprenne les remedes.

Il faut pour rendre l’homme heureux qu’elle luy monſtre qu’il y a un Dieu, qu’on eſt obligé de l’aymer, que noſtre veritable felicité eſt d’eſtre à luy, & noſtre unique mal d’eſtre ſeparé de luy ; qu’elle nous apprenne que nous ſommes pleins de tenebres qui nous empechent de le connoiſtre & de l’aymer, & qu’ainſi nos devoirs nous obligeant d’aymer Dieu, & notre concupiſcence nous en détournant, nous ſommes pleins d’injuſtice. Il faut qu’elle nous rende raiſon de l’oppoſition que nous avons à Dieu & à noſtre propre bien. Il faut qu’elle nous en enſeigne les remedes, & les moyens d’obtenir ces remedes. Qu’on examine ſur cela toutes les Religions du monde, & qu’on voye s’il y en a une autre que la Chreſtienne qui y ſatisfaſſe.