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PENSÉES DE

III.

Veritable Religion prouvée par les contrarietez qui ſont dans l’homme, & par le peché originel.



Les grandeurs & les miſeres de l’homme ſont tellement viſibles, qu’il faut neceſſairement que la veritable Religion nous enſeigne qu’il y a en luy quelque grand principe de grandeur, & en meſme temps quelque grand principe de miſere. Car il faut que la veritable Religion connoiſſe à fond noſtre nature, c’eſt-à-dire qu’elle connoiſſe tout ce qu’elle a de grand, & tout ce qu’elle a de miſerable, & la raiſon de l’un & de l’autre. Il faut encore qu’elle nous rende raiſon des étonnantes contrarietez, qui s’y rencontrent. S’il y a un ſeul principe de tout, une ſeule fin de tout, il faut que la vraye Religion nous enſeigne à n’adorer que luy, & a n’aymer que luy. Mais comme nous