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Le roman, selon moi, doit être scientifique, c’est-à-dire rester dans les généralités probables.

On n’est idéal qu’à la condition d’être réel, et on n’est vrai qu’à force de généraliser.

Tout le progrès qu’on peut espérer, c’est de rendre la brute un peu moins méchante. Mais quant à hausser les idées de la masse, à lui donner une conception de Dieu plus large et partant moins humaine, j’en doute, j’en doute.

Je ne veux avoir ni amour, ni haine, ni pitié, ni colère. Quant à la sympathie, c’est différent : jamais on n’en a assez.

La muse, si revêche qu’elle soit, donne moins de chagrin que la femme. Je ne peux accorder l’une avec l’autre. Il faut opter. Mon choix est fait depuis longtemps.

Les hommes purement intellectuels ont rendu plus de services au genre humain