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candescent au grand ciel immuable et subtil dont les rayonnements qui nous arrivent suffisent à animer des mondes. La splendeur du génie n’est que le reflet pâle du verbe caché ; mais si ces manifestations nous sont à nous autres impossibles à cause de la faiblesse de nos natures, l’amour, l’amour, l’aspiration nous y renvoie, elle nous pousse vers lui, nous y confond, nous y mêle. On peut y vivre ; des peuples entiers n’en sont pas sortis, et il y a des siècles qui ont ainsi passé dans l’humanité comme des comètes dans l’espace tout échevelées et sublimes.

Les grandes passions, je ne dis pas les turbulentes, mais les hautes, les larges sont celles à qui rien ne peut nuire, et dans lesquelles plusieurs autres peuvent se mouvoir. Aucun accident ne peut déranger une harmonie qui comprend en soi tous les cas particuliers ; sans un tel amour, d’autres amours même auraient pu venir : il eût été tout le cœur !