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Il y a de par le monde une conjuration géniale et permanente contre deux choses, à savoir, la poésie et la liberté ; les gens de goût se chargent d’exterminer l’une, comme les gens d’ordre de poursuivre l’autre.

Si la littérature moderne était seulement morale, elle deviendrait forte ; avec de la moralité disparaîtraient le plagiat, le pastiche, l’ignorance, les prétentions exorbitantes ; la critique serait utile et l’art naïf, puisque ce serait alors un besoin et non une spéculation.

Je suis sûr d’ailleurs que les hommes ne sont pas plus frères que les feuilles des bois ne sont pareilles, elles se tourmentent ensemble, voilà tout ; ne sommes-nous pas faits avec les émanations de l’Univers ?

Nos passions sont comme les volcans, elles grondent toujours, mais l’éruption n’est qu’intermittente.

L’humanité nous hait, nous ne la servons pas et nous la haïssons ; car elle nous