des œuvres accessoires, qui doivent être considérées indépendamment de leur philosophie de la société.
À partir du milieu du règne de Louis-Philippe apparaissent des projets d’organisation de l’industrie que l’on a eu tort, en général, de confondre avec les véritables utopies : la France était toujours le pays de Colbert et ses manufactures continuaient à se développer à l’abri d’un régime hautement protectionniste ; on devait se demander si l’État démocratique ne pourrait pas faire pour les ateliers de travailleurs ce que les rois avaient fait par les manufacturiers privilégiés ; les idées de L. Blanc me semblent avoir dû une grande partie de leur succès à ce qu’elles se rattachaient étroitement à la tradition nationale.
L. Blanc se défend énergiquement d’être un continuateur des saint-simoniens : « Il est certain, dit-il[1], que l’État, devenu entrepreneur d’industrie et chargé de pourvoir aux besoins de la consommation privée, succomberait sous le poids de cette tâche immense… Mais qu’y a-t-il de commun entre notre système et les doctrines saiat-simoniennes ? Nous avons dit que l’État devait fonder des ateliers sociaux, fournir aux travailleurs des instruments de travail, rédiger des statuts industriels ayant forme et puissance de loi ; cela veut-il dire que l’État doit se faire spéculateur, entrepreneur d’industrie ? »
Il me paraît inutile de discuter, ni même d’essayer de classer tous les systèmes imaginés durant cette période ; ils oscillent entre celui de L. Blanc et l’organisation du crédit que Proudhon a développée dans ses écrits de 1848 à 1851. Il semblait que la cause essentielle des souffrances qu’éprouvait la société provenait de l’intervention abusive des hommes d’argent, qui percevaient d’énormes commissions, se montraient parfois d’une témérité insensée et en même
- ↑ L. Blanc, Organisation du travail, 4e édition, pp. 106-107.