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fernand pelloutier

a fait place au sceptique ; la famille subsiste ; l’autorité en est proscrite, et l’homme dit ; « Amour à qui m’aime ; indifférence à qui, fût-il de mon sang, exige mon affection sans la mériter. » Les nations demeurent et parfois s’affirme la haine des races ; le patriotisme n’est plus et « le petit doigt qui sert à détacher la cendre du cigare » paraît enfin plus précieux que la conquête d’un empire ».

En 1897, Fernand Pelloutier fonda l’Ouvrier des Deux-Mondes, revue mensuelle d’économie sociale qui renferme de nombreuses études d’une réelle valeur dues à sa plume. Et cependant les conditions misérables dans lesquelles il fut souvent obligé de faire cette revue ne devaient pas le prédisposer favorablement au travail de l’esprit. Lorsque les mémoires de l’imprimeur se furent élevés à des chiffres fantastiques pour la bourse d’un prolétaire, Pelloutier prit un parti héroïque : il composa lui-même entièrement sa revue et il consacra à ce labeur fatigant jusqu’à dix heures consécutives par jour, après quoi, en manière de délassement, il était obligé de donner plusieurs heures encore à la correspondance très étendue de la Fédération. Entre temps, il trouvait encore le loisir nécessaire pour collaborer à plusieurs revues françaises et étrangères. C’est à cette époque qu’il fit, avec son frère Maurice, une grande partie de sa Vie Ouvrière, qui ne devait être publiée qu’en 1900, quelques mois avant sa mort.

Il était impossible que sa constitution, minée par la