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LA BRUYÈRE.

un enchaînement de propositions évidentes ».[1] À défaut de cette logique de génie, « on met dans le discours », suivant le mot de La Bruyère, « tout l’ordre… dont il est capable ».

Or cette ordonnance, cette régularité a disparu dans les Caractères. Boileau, un ami, mais qui tenait pour la rhétorique traditionnelle, reproche à La Bruyère de s’être dispensé des transitions. Les rédacteurs du Mercure galant disent que son ouvrage « ne peut être appelé livre que parce qu’il a une couverture et qu’il est relié comme les autres livres. Ce n’est qu’un amas de pièces détachées. » Seuls les Port-Royalistes s’avisent d’y reconnaître une économie. La Bruyère, il est vrai, accepta comme sien ce plan qu’on lui prêtait généreusement ; mais il était au fort de sa querelle avec les Théobalde qui lui faisaient un crime de n’avoir point ce l’art de lier ses pensées », et il nous semble, comme nous l’avons dit, qu’il se laissa attribuer un dessein auquel il n’avait guère songé. En admettant même qu’il y ait songé un peu, il est clair qu’il ne s’est point

  1. NISARD. — Hist. de la littérature française.