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SES SUCCÈS A L’ACADÉMIE ET AU THÉATRE

dage, ni une tracasserie. Le comte de Creutz, ministre de Suède, qui croyait plaire à son maître, en se plaçant en France sur le rang du bel esprit, se donna beaucoup de soins pour que les mêmes personnes qui composaient le dîner de M’"’— d’Héricourt se réunissent un jour de la semaine chez lui’. »

Creulz ayant élé rappelé à Stockholm en 1783. c’est donc vers 1778 et 1779 qu’il faut placer ces réceptions aimables où Chamfort tenait sa place. — Et d’ailleurs, si sa vanité d’homme de lettres eût été profondément atteinte, elle aurait cherché certainement l’occasion, sinon de prendre une revanche, au moins d’exercer des représailles. Cette occasion, loin qu’il l’ait cherchée, Chamfort l’écarta quand elle s’offraitàlui.En 1 778, le libraire Lacombe, qui avait le privilège du Mercure, vint à faire faillite. Panckoucke, ce grand entrepreneur de publicité au xviii" siècle, prit celte feuille à son compte et fusionna avec elle le Juarnul de Pulilique et (le Lït t é ra t u re (Lingael), le Journal français (Clément et Falissot), le Journal des Qames (Dorât)’. Le Mercure devenait ainsi, ou pouvait devenir, une grosse machine de guerre. Panckoucke, qui connaissait Chamfort dès longtemps, lui proposa de faire partie de la rédaction et de traiter la partie des spectacles. Il reçut un refus très poli, mais très net. Chamfort s’excusait en disant que, dans un journal, il n’y avait point de place pour la vraie critique et qu’il ne voulait ni discréditer son jugement par l’indulgence extrême qui phùt aux au-

1. Mémoires de Talleyrand (I, 45-46). 2. Correspondance littéraire de La Haiu-e (Lettre 88, 1778).