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aussi, Madame, toutes les fois que je vous enseigne. » Et Chamfort se retrouva libre et sans place.

D’Aireaux, son ancien maître, qui ne le perdait pas de vue, aurait voulu l’arracher à cette existence par trop aventureuse. Il le manda près de lui, le sermonna, et, vivement, le pressa de se faire prêtre : « Non, lui répondit résolument Chamfort ; j’aime trop le repos, la philosophie, les femmes, l’honneur, la vraie gloire, et trop peu les querelles, l’hypocrisie, les honneurs et l’argent. » Son parti dès lors était bien pris : il voulait être homme de lettres. Une expérience de vingt années devait lui apprendre qu’il ne trouverait pas dans cette carrière, où il entrait plein d’espoir, la satisfaction des goûts que sa fierté juvénile avait si nettement déclarés à d’Aireaux[1].

  1. La plupart de ces détails sur les débuts de Chamfort sont empruntés à la Notice de Ginguené et aux Extraits de Sélis dans la Decade philosophique, déjà cités.