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VOLTAIRE PHILOSOPHE

pour père le platonisme[1]. Si par là s’explique en grande partie sa rapide propagation, tout ce que lui fournirent les religions et les philosophies antérieures suffirait du reste pour démentir la prétendue divinité de son origine.

Ailleurs, Voltaire s’applique à relever les invraisemblances des saintes Écritures.

Dans l’Ancien Testament, c’est la femme tirée d’une côte de l’homme, le serpent qui parle, l’arbre de la science, l’Océan qui, pendant le déluge, dépasse de quinze coudées le sommet des plus hautes montagnes sans laisser pourtant son lit à sec, l’arche qui contient toutes les bêtes de l’univers avec leur nourriture ; c’est la cavalerie envoyée par le pharaon à la poursuite des Hébreux quand la sixième et la septième plaie d’Égypte n’avaient laissé vivant aucun animal, c’est Josué qui arrête le soleil, Jonas qui reste trois jours dans le ventre d’une baleine, etc.[2]. Comment de telles fables trouvent-elles encore créance ? Et se peut-il que des hommes sensés admettent l’inspiration divine d’un livre qui semble avoir pris à tâche de défier le sens commun ?

Quant aux Évangiles, Voltaire en fait voir surtout les divergences. Par exemple, Mathieu dit que, le roi Hérode ayant ordonné de massacrer tous les enfants nouvellement nés à Bethléem, Joseph et Marie, avertis par un ange, s’enfuirent en Égypte ; Luc ne parle pas de ce massacre, et laisse Joseph et Marie à Bethléem pendant six semaines. Selon Mathieu, Luc et Marc,

  1. Dieu et les Hommes, XLVI, 285.
  2. Dict. phil., passim ; Extrait des Sentiments de J. Meslier, XL, 410 ; Questions de Zapata, XLIII, 7 sqq. ; Instruction à frère Pediculoso, XLIV, 486 sqq. ; etc.