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RELIGION

leurs ennemis célébrèrent à l’envi sa justice et sa clémence. Veut-on savoir comment il les exerça ? Les habitants d’Antioche ne pouvant obtenir la diminution d’un très lourd impôt dont il avait frappé leur ville, brisèrent quelques statues, parmi lesquelles une de son père. Peu d’années auparavant, Julien ne s’était vengé des libelles faits contre lui dans cette ville même qu’en écrivant une satire ingénieuse ; Théodose, lui, se vengea de telle sorte que l’Oronte, durant plusieurs jours, charria des cadavres. À Thessalonique, où le pouvoir impérial avait été méconnu, il fit périr quinze mille hommes. Tel est le nombre indiqué par les écrivains dignes de foi. Ses apologistes en rabattent une moitié, mais lui pardonnent l’autre eu égard à la pénitence qu’il voulut bien subir. Car, admonesté par saint Ambroise, il s’abstint pendant quelque temps d’entrer dans aucune église. C’était marquer sa soumission au pouvoir ecclésiastique, qui sut l’en récompenser[1].

Voltaire traite aussi mal les grands héros de la Bible que les empereurs chrétiens. Attaquant dans le judaïsme une sorte de christianisme préalable, il montre la cruauté de la nation juive, sa haine contre les autres peuples, son avarice, ses turpitudes, les superstitions dont elle a rempli le monde. Et, choisissant entre les héros bibliques ceux que l’Église honore par-dessus tous, il prend à tâche de dénoncer leurs vices ou leurs crimes.

Le plus illustre est David, dans la lignée duquel naquit Jésus. La Bible en main, Voltaire nous raconte

  1. Dict. phil., Théodose, XXXII, 357 sqq. ; Examen important, XLIII, 188 ; Fragment sur l’Hist. générale, XLVII, 544, 542; etc.