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VOLTAIRE PHILOSOPHE

divinités, notamment à la Lune, des jeunes gens et des jeunes filles, que, parmi ses meubles, on découvrit après sa mort un immense coffre rempli de têtes. Or, soit dans la vie privée, soit dans la vie publique, Julien ne le céda sur aucun point à Marc-Aurèle lui-même. Il fit observer les lois, rétablit la discipline des mœurs, soulagea ses peuples, favorisa les lettres et les arts, refusa le titre de dominus, épargna dix soldats chrétiens qui complotaient de l’assassiner, fut le modèle de toutes les vertus, réalisa le type du héros et celui du sage[1].

Voltaire, d’autre part et inversement, prend à tâche de rabaisser les principaux fauteurs du christianisme, ceux que, malgré leurs crimes, l’Église a glorifiés. Deux surtout, Constantin et Théodose.

Les écrivains ecclésiastiques, Eusèbe, Grégoire de Nazianze, Lactance, n’ont pas assez d’éloges pour Constantin. Qu’est-ce que nous en dit l’histoire ? Il étouffa sa femme, il fit pendre son beau-père, étrangler son beau-frère, égorger son neveu, décapiter son fils aîné. Il exposa aux bêtes, pour se divertir, les chefs des hordes barbares vaincues par ses généraux ; il porta jusque dans ses lois la férocité de son caractère ; il fut aussi perfide que cruel ; il allia la débauche à la scélératesse. Mais, protecteur du christianisme, l’Église lui devait sa canonisation[2].

Théodose ne vaut guère plus. Quand il devint empereur, il extermina les anticonsubstantiels, et

  1. Dict. phil., Julien, XXX, 493 sqq. — Cf. Examen important, XLIII, 179 sqq. ; Discours de l’Empereur Julien, XLV, 197 sqq. ; etc.
  2. Dict. phil., Constantin, XXVIII, 184 sqq. ; Examen important, XLIII, 167 sqq. ; Fragment sur l’Hist. générale, XLVII, 541; Hist. de l’établiss. du christianisme, L, 483 sqq.; etc.