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RELIGION

l’histoire sacrée, ce sont les faits dont elle peut tirer des arguments pour la propagande anticatholique.

Il s’attache par exemple à réhabiliter ceux des empereurs qui, durant les premiers siècles, persécutèrent le christianisme. Deux surtout, Dioclétien et Julien.

Que reprochent donc à Dioclétien les auteurs catholiques ? Il était fils d’un paysan ? Cette humble origine tourne à sa gloire. Il s’empara du trône par le meurtre ? Depuis longtemps, on ne connaissait plus guère d’autre investiture. Il maltraita les chrétiens ? Mais il ne les maltraita que vers la fin de son règne, pour défendre contre leur faction la sûreté de l’État ; pendant dix-huit années il les avait laissés libres, et, quelques jours après son avènement, il nommait un d’entre eux chef d’une compagnie dans la garde prétorienne. Aussi bien ce prétendu monstre restaura la grandeur de l’Empire, ramena les barbares dans l’obéissance, administra sagement, fit des lois équitables et humaines. Agé de soixante ans, il se démit du pouvoir, et trouva plus de plaisir à cultiver son jardin de Salone qu’il n’en avait trouvé à gouverner le monde. Ce fut un grand empereur, et ce fut aussi un philosophe[1].

Si la mémoire de Dioclétien a été abominablement calomniée par les écrivains catholiques, ils se montrèrent plus injurieux encore pour celle de Julien. Grégoire de Nazianze entre autres l’appelle un fou enragé, assure qu’il avait un commerce secret avec les démons, que, toutes les nuits, il immolait aux fausses

  1. Dict. phil., Dioclétien, XXVIII, 398 sqq., Martyrs, XXXI, 158 ; Essai sur les mœurs, XV, 355 sqq. ; Examen important, XLIII, 164 sqq. ; etc.