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CHAPITRE II

RELIGION

Voltaire, nous l’avons dit, reconnut toujours l’existence de Dieu soit comme certaine, soit au moins comme probable. Pourtant, sans parler de ceux qui le taxent d’athéisme[1], on s’accorde généralement à le taxer d’irréligion. C’est un point que nous devons tout d’abord examiner.

« Le choix d’une religion, déclare Voltaire dans la préface d’un de ses principaux ouvrages métaphysiques[2], est mon plus grand intérêt » (XLIII, 43) ; et voilà qui ne dénote pas sans doute un esprit irréligieux. Mais ce mot lui-même suffirait à montrer qu’il refuse d’accepter une religion toute faite, qu’il prétend se faire sa religion. « À qui soumettrai-je mon âme ? demande-t-il dans le même passage. Serai-je chrétien parce que je serai de Londres ou de Madrid ?

  1. « Croiriez-vous qu’il y a eu des gens qui m’ont appelé athée ? C’est appeler Quesnel moliniste » (Lettre à M. Contant d’Orville, 11 févr. 1766).
  2. L’Examen important de milord Bolingbroke.