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MÉTAPHYSIQUE ET PHYSIQUE

vertu d’action ; l’optimisme est « une fatalité désespérante » (Homél. sur l’Athéisme, XLIII, 235). Il y a du mal et il y a du bien. Mais, quand même le mal l’emporterait sur le bien, ce qui empêche Voltaire d’être pessimiste, c’est sa croyance que la condition humaine s’améliorera. Ni pessimiste, ni optimiste, il est, si l’on peut dire, mélioriste.

Il l’est d’abord en espérant une vie future. Le Désastre de Lisbonne se termine sur cet espoir ; y contestant que tout soit bien aujourd’hui, il nous invite à croire que tout, un jour, sera bien. Même conclusion dans les Adorateurs : « Mon cher frère, je ne vous ai point nié qu’il n’y eût de grands maux sur notre globe… Mais, encore une fois, espérons de beaux jours. Où et quand ? je n’en sais rien ; mais, si tout est nécessaire, il l’est que le grand Être ait de la bonté » (XLVI, 403). Et enfin, dans l’Homélie sur l’Athéisme : « Quel parti nous reste-t-il donc à prendre ?… Celui de croire que Dieu nous fera passer de cette malheureuse vie à une meilleure » (XLIII, 236). Cette croyance suffit pour consoler nos misères d’un jour.

N’espérons pas seulement une vie future ; améliorons notre vie présente. L’optimisme et le pessimisme sont aussi décourageants l’un que l’autre. Or nous devons avoir du courage, nous devons agir, travailler. Qu’on se rappelle les dernières lignes de Candide. « Il faut cultiver notre jardin », dit l’élève de Pangloss. À quoi Pangloss répond : « Vous avez raison ; car, quand l’homme fut mis dans le jardin d’Eden, il y fut mis pour qu’il le travaillât » (XXXIII, 343). Mais, si l’auteur de Candide, comme certains l’expliquent, nous conseillait par là d’imiter le vieillard à l’exemple duquel