dide, certains ont voulu y voir une œuvre diabolique de mépris et de dérision. Mais ceux qui insultent aux misères terrestres, ce sont les philosophes assez impudents pour prétendre que tout est bien[1]. Du reste, n’en croyons pas sur Candide les ennemis de Voltaire ; « manuel d’indulgence et de pitié, bible de bienveillance[2] », une humanité passionnée et douloureuse y vibre dans l’ironie elle-même.
Quoi qu’il en soit, Voltaire, durant la seconde moitié de sa vie, s’est très souvent complu à décrire les misères de notre existence en protestant qu’il ne faut pas y ajouter encore la fureur absurde de les nier. L’optimisme prétend faire, avec tous les maux particuliers, je ne sais quel bien général : n’est-ce pas vraiment se moquer ? « Voilà un singulier bien général, composé de la pierre, de la goutte, de tous les crimes, de toutes les souffrances, de la mort, et de la damnation ! » (Dict. phil., Bien, Tout est bien, XXVII, 359). En réalité la théorie du Tout est bien est, chez quelques-uns, le paradoxe de beaux esprits, chez les autres un fanatisme haïssable[3]. Et certes le mal provient de la constitution même du monde. Tout est bien signifie-t-il que tout arrive selon les lois physiques ? Rien de plus vrai. Mais disons alors que tout est nécessaire. Tout n’est pas bien pour tant d’êtres qui souffrent.
- ↑ Préface du poème sur le Désastre de Lisbonne, XII, 189.
- ↑ Anatole France, Jardin d’Épicure, p. 40.
- ↑ Lettre à Mme de Lutzelbourg, 14 août 1759.
celui de Citeaux ? Ou comment ce tonneau s’est-il fait tout seul ? Cela vaut la peine d’être examiné. J’ai eu cette charité pour le genre humain ; car pour moi, si j’osais, je serais assez content de mon partage. »