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MÉTAPHYSIQUE ET PHYSIQUE

Dei[1] ; et ce texte, il en a fait plus d’une fois d’éloquents commentaires[2].

L’argument « est vieux, et n’en est pas plus mauvais » (Dict. phil., Athéisme, XXVII, 171). Aussi bien, Voltaire le renouvelle.

D’abord, en tirant profit des progrès de la science. Car « depuis qu’on entrevoit la nature, que les anciens ne voyaient point du tout, depuis qu’on s’est aperçu que tout est organisé, que tout a son germe, depuis qu’on a bien su qu’un champignon est l’ouvrage d’une sagesse infinie aussi bien que tous les mondes, alors ceux qui pensent ont adoré là où leurs devanciers avaient blasphémé. Les physiciens sont devenus les hérauts de la Providence : un catéchiste annonce Dieu à des enfants et un Newton le démontre aux sages » (Dict. phil., Théisme, XXXII, 349).

Il renouvelle ensuite ce vieil argument par la façon dont il le présente. Citerai-je, entre autres exemples, le dialogue de Platon avec le jeune Madétès, qui ne veut pas admettre l’existence de Dieu ? « Si vous avez quelque désir de vous éclairer, dit Platon à Madétès, je suis magicien et je vous ferai voir des choses fort extraordinaires. » Et, lui montrant un squelette : « Considérez bien cette forme hideuse qui semble être le rebut de la nature ; et jugez de mon art par tout ce que je vais opérer avec cet assemblage informe qui vous a paru si abominable. Premièrement, vous voyez cette espèce de boule qui semble couronner tout ce vilain assemblage. Je vais faire passer par la parole dans le creux de cette boule une substance moelleuse et douce, partagée en mille petites ramifi-

  1. Dern. Remarques sur les Pensées de Pascal, L, 377.
  2. Cf. notamment, Hist. de Jenni, XXXIV, 409 sqq.