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MÉTAPHYSIQUE ET PHYSIQUE

que l’un joue mieux au ballon que l’autre[1] ». En ce temps-là, Voltaire se laissait encore séduire par les spéculations des métaphysiciens ; Clarke sautant dans l’abîme, il osait l’y suivre. Mais, de plus en plus, il reconnut l’inanité de ces spéculations, si brillantes fussent-elles ; et, sur les problèmes qui dépassent l’intelligence humaine, il se résigna sagement à douter.

Tout ce que Voltaire affirme en métaphysique, c’est l’existence de Dieu. Encore ne la donne-t-il pas toujours comme certaine. Par exemple, dans le Traité de Métaphysique, écrit en 1734, il conclut ainsi le chapitre S’il y a un Dieu : « Cette proposition Il y a un Dieu [est] la chose la plus vraisemblable que les hommes puissent penser » (XXXVII, 298); et, dans une lettre à Frédéric datée de 1737 : « Quelle sera, dit-il, l’opinion que j’embrasserai ? Celle où j’aurai, de compte fait, moins d’absurdités à dévorer. Or je trouve beaucoup plus de contradictions, de difficultés, d’embarras, dans le système de l’existence nécessaire de la matière. Je me range donc à l’opinion de l’existence de l’Être suprême comme la plus vraisemblable et la plus probable » (17 avril). Ainsi Voltaire, à cette époque, ne fait encore qu’alléguer des probabilités et des vraisemblances.

Dans la suite, il devint plus catégorique. Préoccupé toujours davantage des questions morales ou sociales, et jugeant que la croyance en Dieu est utile aux mœurs, nécessaire à la société humaine, il considéra comme un devoir de l’affirmer contre les athées[2].

Parmi les preuves en usage, deux surtout lui paraissent convaincantes.

  1. Courte réponse aux longs Discours, etc., XXXVIII, 526, 527.
  2. Cf. p. 168 sqq.