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MÉTAPHYSIQUE ET PHYSIQUE

tique pour déclarer impossible ce qui, à première vue, lui a paru faux.

Dans la question du neptunisme par exemple, ses arguments de bon sens ne l’empêchent pas de procéder lui-même à une enquête. « On regarde, dit-il, la falun de Touraine comme le monument le plus incontestable de ce séjour de l’Océan sur notre continent… ; et la raison, c’est qu’on prétend que cette mine est composée de coquilles pulvérisées… Ces prétendus bancs de coquilles à trente, à quarante lieues de la mer, méritent le plus sérieux examen » (Singular. de la Nature, XLIV, 255, 257). Il y a là sans doute une pointe d’ironie. Pourtant Voltaire fait venir quelques échantillons de falun et les examine avec soin. Mais si, après cela, il se croit en mesure de nier que cette marne soit un assemblage d’animaux marins, c’est une erreur qui ne nous permet pas d’incriminer sa méthode.

De même sur une autre question, celle des polypes, que certains savants avaient reconnus comme appartenant au règne animal. « Pour croire fermement, dit-il, je veux voir par mes yeux, toucher par mes mains et à plusieurs reprises. Ces herbes légères qu’on appelle polypes d’eau douce… ne furent que des plantes jusqu’au commencement du siècle où nous sommes. Leuwenhoek s’avisa de les faire monter au rang d’animaux… En vain nous avons opposé à nos yeux tous les raisonnements que nous avions lus autrefois : le témoignage de nos yeux l’a emporté » (Dict. phil., Polypes, XXXI, 462 sqq.). Voltaire est

    demander si tous les géologues croyaient aux théories de Moïse. Comme beaucoup d’entre eux n’y croyaient point, Buffon tout le premier, l’assertion de Leduc n’a plus aucun sens.