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CONCLUSION


Par la pensée et par l’action, qu’il ne sépara jamais, Voltaire résume en soi la philosophie de son temps.

Si nous mettons à part Jean-Jacques Rousseau, les autres philosophes, tous ensemble, firent beaucoup moins que lui ; et, sans lui, le xviiie siècle n’eût pas rempli sa tâche.

Buffon était trop olympien pour descendre dans la mêlée, d’Alembert trop prudent pour se compromettre. Diderot, tumultueux et effervescent, manquait de mesure, de suite, de conduite. Montesquieu restait, comme Buffon, à l’écart, sinon par indifférence ou par timidité, du moins par hauteur ; il avait peu d’élan, peu d’initiative ; ses préjugés de caste ne laissèrent pas toujours assez de liberté à sa philosophie ; enfin il s’accommodait aisément des abus, des superstitions, des iniquités sociales, ou même il s’y accommodait.

Quant à Jean-Jacques, son action ne fut pas moindre que celle de Voltaire en maints points capitaux — et surtout quand il le combattit — par ce qu’elle avait de véhément, d’âpre, voire de cynique.