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POLITIQUE

comme de juste, la lui refusa ; il eût frappé Téotime d’interdit[1].

On devrait encore soulager les paysans, et, d’une façon générale, tous les citoyens pauvres, en réformant le système des impôts. Voltaire trouve bon que les taxes soient votées par la nation, et, d’autre part, il voudrait qu’on substituât la régie à la ferme[2]. Mais, ferme ou régie, le principe essentiel en cette matière, c’est que chacun soit imposé suivant ses ressources. Et même, ne pourrait-on pas dispenser les pauvres de tout impôt ? Laissons au manœuvre le produit intégral de son travail, et faisons-lui espérer d’être un jour assez heureux pour payer lui aussi sa taxe[3].

C’est principalement dans l’ordre judiciaire que Voltaire préconisa des réformes. Les plus notables portent soit sur le corps des magistrats, soit sur les lois elles-mêmes, sur la procédure criminelle, sur la confiscation et la peine de mort, la torture, l’appropriation des châtiments aux crimes.

En premier lieu, Voltaire propose qu’on crée des juges de paix, il demande l’établissement du jury, il proteste contre la vénalité des charges.

Voici le passage relatif aux juges de paix. « La meilleure loi, le plus excellent usage, le plus utile

  1. Requéte aux magistrats, XLVI, 432, 433 ; Dict. phil, Catéch. du Curé, XXVII, 494, Fêtes, XXIX, 378 sqq. ; Pot pourri, XLII, 20 sqq.
  2. Lui-même fit mettre en régie le district de Gex par le paiement d’une indemnité aux traitants.
  3. Instruct. pour le Prince Royal de ***, XLIII, 430 ; Dict. phil., Impôt, XXX, 334 sqq. ; Un philosophe et un contrôleur général, XXXIX, 397 ; L’Homme aux quarante écus, XXXIV, 1 sqq. — Nous n’examinons pas en détail les idées de Voltaire sur l’impôt ; ce serait sortir de notre sujet, qui n’est pas Voltaire financier, mais Voltaire philosophe.