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VOLTAIRE PHILOSOPHE

de Bourbon, le Parlement de Paris enregistrait un édit contre les protestants plus rigoureux encore que celui de 1685 ; et, pendant tout le xviiie siècle, les assemblées parlementaires furent pour la plupart des foyers d’intolérance. Après l’expulsion des jésuites, elles redoublèrent de zèle contre les hérétiques et les philosophes, ne fût-ce que pour la justifier. C’est ce que Voltaire avait bien prévu. « Nous sommes défaits des renards, écrivait-il en 1763, et nous tomberons dans les mains des loups » (Lettre au marquis d’Argence, 2 mars)[1]. Comment donc s’étonner qu’il ait approuvé le coup d’État par lequel Maupeou substituait aux Parlements de nouveaux conseils[2] ? Pour lui, les parlementaires sont des tyrans et des persécuteurs. Et, quand on s’apprête à les rétablir sur leurs anciens sièges, il proteste contre le retour de ceux qui ont assassiné avec le poignard de la justice le brave et malheureux comte de Lally, qui ont souillé leurs mains du sang de La Barre, qui ont roué Calas.[3]

    ôté son chapeau, en temps de pluie, devant une procession de capucins… Comment les hommes se laissent-ils gouverner par de tels monstres ? »

  1. Cf. Lettre à Damilaville, 19 juin 1763 :

    Les renards et les loups furent longtemps en guerre :
    Les moutons respiraient ; des bergers diligents
    Ont chassé par arrêt les renards de nos champs :
    Les loups vont désoler la terre.
    Nos bergers semblent, entre nous,
    Un peu d’accord avec les loups.

  2. « Mon ami, quand des juges n’ont que l’ambition et l’orgueil dans la tête, ils n’ont jamais l’équité et l’humanité dans le cœur. Il y a eu dans l’ancien Parlement de Paris de belles âmes… mais il y a eu des bourreaux insolents… Je persiste à croire que l’établissement des six conseils souverains est le salut de la France. » (Lettre à Elie de Baumont, 7 juin 1771).
  3. « Je mourrai aussi fidèle à la foi que je vous ai jurée qu’à