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POLITIQUE

tique, XXXI, 460). « Tout père de famille, déclare-t-il, doit être le maître dans sa maison. Une société étant composée de plusieurs maisons et de plusieurs terrains qui leur sont attachés, il est contradictoire qu’un seul homme soit le maître de ces maisons et de ces terrains ; et il est dans la nature que chaque maître ait sa voix pour le bien de la société » (Idées républicaines, XL, 584). On peut sans doute trouver beaucoup trop étroite cette conception de la démocratie qui ne donne une voix qu’aux possesseurs des maisons et du sol. Mais Voltaire n’en déclare pas moins le régime républicain préférable à tout autre, et, s’il le préfère à la monarchie, c’est comme rapprochant le plus les hommes de « l’égalité naturelle » (Ibid., id.). « Un citoyen d’Amsterdam, dit-il, est un homme ; un citoyen à quelques degrés de longitude par delà est un animal de service » (Pensées sur le Gouvernement, XXXIX, 427). « La volonté de tous exécutée par un seul ou par plusieurs en vertu des lois que tous ont portées » (Idées républicaines, XL, 571), telle est, selon lui, la définition du gouvernement civil.

Dispensons-nous, après cela, d’alléguer les maximes républicaines que Voltaire a souvent prêtées aux héros de ses tragédies. Si même, dans la scène finale d’Agathocle, on voit Argire, dès qu’il reçoit la couronne, affranchir les Syracusains[1], nous ne prétendrons pas que le poète ait par là voulu persuader Louis XVI de se démettre. Tenons-nous-en soit aux Idées républicaines et aux Pensées sur le Gouverne-

  1. Peuples, j’use un moment de mon autorité ;
    Je règne… Votre roi vous rend la liberté.

    (IX, 588.)