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VOLTAIRE PHILOSOPHE

M. Pilavoine, qui l’avait qualifié de Génevois : « Tout amoureux que je suis de ma liberté, cette maîtresse ne m’a pas assez tourné la tête pour me faire renoncer à ma patrie » (25 sept. 1758).

On a lu précédemment sa lettre d’après Rosbach. Mais, sitôt que lui vint la nouvelle de la défaite, il chargea son banquier berlinois de mettre de l’argent à la disposition des officiers Français prisonniers. Quelques jours plus tard, il écrit à d’Argental, le 2 décembre 1757 : « Je ne m’intéresse dans aucun événement que comme Français. Je n’ai d’autre intérêt et d’autre sentiment que ceux que la France m’inspire ; j’ai en France mon bien et mon cœur. » Et à Thiériot, le 7 décembre : « Vous avez su, mon ancien ami, comment les Français ont été vengés par les Autrichiens… Il faut espérer que M. le duc de Richelieu réparera de son côté le malheur de M. de Soubise. Le roi de Prusse m’écrit toujours des vers en donnant des batailles ; mais soyez sûr que j’aime encore mieux ma patrie que ses vers, et que j’ai tous les sentiments que je dois avoir. »

En 1761, dans une lettre du 31 janvier au même Thiériot, après être convenu du désordre des finances, il proteste cependant que tous les Français qui ne combattent pas doivent « s’épuiser » pour subvenir aux frais de la guerre. « J’ai, ajoute-t-il, une pension de roi ; je rougirais de la recevoir tant qu’il y aura des officiers qui souffriront. » Le 2 août de la même année, après la défaite de Kirch-Dinker et la perte de Pondichéry, il écrit à d’Argental : « J’ai le cœur navré. Nous ne pouvons avoir de ressource que dans la paix la plus honteuse et la plus prompte. »