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VOLTAIRE PHILOSOPHE

qui liront l’histoire de Louis XIV verront bien que je suis Français (24 déc. 1751). Son livre est « l’éloge de la patrie » (Lettre à Hénault, 28 janv. 1752)[1]. Et ainsi ce qu’on devrait reprocher à Voltaire historien, c’est, non de ne pas être patriote, mais d’avoir plus d’une fois dissimulé ce qui lui semblait préjudiciable à la France.

Dans toutes ses œuvres abondent les passages où il célèbre le patriotisme, où il en fait profession. Dans la Loi naturelle :

Cette loi souveraine, à la Chine, au Japon,
Inspira Zoroastre, illumina Solon.
D’un bout du monde à l’autre, elle parle, elle crie :
Adore un Dieu, sois juste et chéris ta patrie.

(XII, 159.)

Dans la tragédie de Tancrède :

À tous les cœurs bien nés que la patrie est chère !

(VII, 159.)

Dans les Scythes :

On souffre en sa patrie, elle peut nous déplaire ;
Mais quand on l’a perdue, alors elle est bien chère.

(VIII, 215.)


Reprochant à Pascal d’avoir dit qu’on ne doit pas aimer les créatures, mais Dieu seul : « Il faut, déclare-t-il,

    absolument le ministère depuis 1701 jusqu’à 1709. J’ai eu la discrétion de n’en faire aucun usage, plus occupé de ce qui peut être glorieux et utile à ma nation que de dire des vérités désagréables. Cicéron a beau enseigner qu’un historien doit dire tout ce qui est vrai, je ne pense point ainsi. Tout ce qu’on rapporte doit être vrai sans doute ; mais je crois qu’on doit supprimer beaucoup de détails inutiles et odieux. »

  1. Cf. Lettre à La Condamine, 3 avril 1752 : « C’est un petit monument que je tâche d’élever à la gloire de ma patrie. »